Lire en se brossant les dents

Décidément, on lit beaucoup,

et on se lave énormément

dans les films de ce réalisateur suisse...

Une petite manie helvétique ?

Encore un couple dans sa salle de bain,

et c'est toujours la femme qui est dans la baignoire.

Roland et Corinne Durand font une petite pause

avant de reprendre la route, ses embouteillages,

ses bonnes et ses mauvaises surprises.

Roland lit "Le territoire", un ouvrage

dont je n'ai pas réussi à identifier l'auteur.

Que celui qui connaît ce livre laisse un commentaire,

il sera chaudement remercié...

Lire dans sa baignoire

Ils ne sont pas encore fâchés.

Camille prend son bain en lisant

un livre sur Fritz Lang, le réalisateur

du film dans le film pour lequel
son mari Paul a rédigé un scénario.

Pas très naturel de garder sa 

serviette de bain dans l'eau...

Lire par pudeur

Ah les bonnes vieilles séries noires,

bien pratiques pour se cacher les fesses,

quand on bronze toute nue au soleil.

Mais c'était sans compter sur ce rustre de Paul,

qui semble plus intéressé par la littérature

que par les rotondités de sa femme Camille.

Il aura bien mérité tout son mépris.

Lire par antipathie

Vous rentrez d'une soirée un peu trop arrosée

chez votre beau-père, président de la faculté où vous enseignez.

Votre femme a invité un jeune couple pour prendre

ce qui aurait dû être un dernier verre, mais s'avérera

le premier d'une longue série.

Votre femme, après vous avoir copieusement insulté

et humilié, fait des avances au jeune professeur de biologie

de vingt-huit printemps. Pour vous donner une contenance,

pour penser à autre chose, vous tentez d'ouvrir un livre

et de vous plonger dans la lecture.

Mais face aux assauts répétés de votre moitié, que faire ?

L'étrangler ? la tuer ? l'insulter en retour ?

Vous serez bien obligé d'abandonner votre livre

et de retourner dans l'arène.

Pas drôle tous les jours, la vie de couple...

Lire en dormant

Tu es allongé sur ton lit, tu parcours distraitement les pages d'un livre

que tu as déjà lu et qui ne t'intéresse pas. Tu n'accordes pas un regard

à la reproduction du tableau de Magritte accrochée au mur de ta chambre.

Tu abandonnes ta lecture, le regard perdu dans le vide, perdu dans

tes pensées. Tu ne penses à rien. Tu ne penses pas à l'adaptation du

roman de Georges Perec par lui-même et son ami Bernard Queysanne,

avec Jacques Spiesser dans le rôle principal et la voix de Ludmila Mikael

qui récite le texte écrit par l'oulipien désabusé. Tu te dis que tu pourrais

aussi bien refermer le livre et dormir les yeux ouverts, ou fermer les yeux

et dormir pour de bon... "dormir, dormir ! Rêver peut-être ! C'est là le hic."

Lire dans un drôle de machin

Non, cette femme ne devrait pas abandonner sa lecture.

Non, cette femme ne devrait pas quitter son canapé futuriste.

Non, cette femme ne devrait pas aller ouvrir la porte.

Car Alex et ses drougs vont débarquer et tout saccager.

Ils vont violer la femme et rosser le mari écrivain.

La femme ne survivra pas à ses mauvais traitements,

le mari se vengera en exploitant le goût d'Alex pour la grande musique.

Pour son roman, Anthony Burgess s'est inspiré de son histoire personnelle,

sa propre femme ayant été agressée et violée par des GI's déserteurs

pendant la seconde guerre mondiale.

Notons au passage que la fin du livre, beaucoup plus troublante et ambiguë,

est très différente de celle du film.

Lire la Bible

Alex a fait quelques bêtises avec ses drougs.

Il se retrouve en prison, dont il fréquente assidûment la bibliothèque.

Le voilà plongé dans la lecture de la Bible :

ce n'est pas ce livre qui le guérira de ses pulsions violentes.

Il s'imagine avec délectation dans la peau d'un légionnaire romain

qui flagelle le Christ, trucide ses ennemis en les égorgeant,

ou se livre à quelque orgie après une sanglante bataille.

Le Livre Sacré n'est pas à mettre entre toutes les mains,

Matthew Gregory Lewis l'avait bien compris, comme en témoigne

cet extrait de son roman "Le Moine" (1796) :

"Ambrosio examina le livre qu’elle lisait

et qu’elle avait replacé sur la table :

c’était la Bible en espagnol.

- Quoi ! dit le moine en lui-même,

Antonia lit la Bible, et elle est encore si novice !

Mais, en l’examinant, il s’aperçut qu’Elvire
avait fait exactement la même remarque.

Cette prudente mère, tout en admirant
les beautés des Saintes Écritures,

était convaincue que ces livres, en leur entier,
sont la plus dangereuse lecture

qu’on puisse permettre à une jeune personne.
Plusieurs des récits qu’ils contiennent

ne tendent qu’à faire naître en elle
les plus dangereuses idées ;

tout y est appelé par son nom,
et l’on trouverait à peine un choix
plus complet d’expressions indécentes
dans les annales d’un mauvais lieu.

C’est ce livre cependant qu’on recommande
plus particulièrement aux jeunes filles,

celui qu’on met entre les mains des enfants

dès qu’ils sont en état de l’entendre,

celui qui leur inculque trop fréquemment
les premières notions du vice,

et donne le premier éveil à leurs passions."

Lire à la campagne

Lire au lit, bien tranquille dans la maison de campagne

où on vient d'emménager, en couple, paisible et heureux.

Une idylle aux champs ?

Ce serait sans compter sans les bouseux du voisinage,

qui n'ont sans doute jamais ouvert un livre de leur vie...

Mais on a beau être un intellectuel à lunettes,

on se montre parfois plein de ressources face à l'adversité.

David Summer aime jouer aux échecs,

mais il sait aussi se servir d'un piège à loup

et d'une casserole d'eau bouillante.

Les culs-terreux des environs n'ont qu'à bien se tenir.

Lire pour s'évader

Clint Eastwood n'est pas un littéraire.

Il faut chercher et chercher encore

pour trouver un film où il tient un livre entre ses mains.

Ce n'est pas Dirty Harry qui plongerait

le nez dans un bouquin.

Il aura fallu qu'on l'enferme entre quatre murs

pour qu'il s'adonne enfin aux saines joies de la lecture.

Mais c'était peine perdue : l'indécrottable bouseux,

une Bible entre les mains, fait semblant de lire

pour tromper la vigilance des gardiens

et n'utilise le Livre sacré que pour cacher une lime dans la reliure.

Lire pour s'évader ? Clint s'évadera sans avoir lu une ligne.

Lire le petit livre rouge

Ces jeunes gens s'imprègnent de la pensée de Mao Zedong

et se proposent d'instaurer par le terrorisme une société maoïste.

Le petit livre rouge, également appelé "Les citations du Président Mao Zedong"

ou "Les plus hautes instructions", publié en 1964,

est le livre le plus vendu au monde après la Bible,

avec des ventes estimées à plus de 900 millions d'exemplaires.

Adolf Hitler et son Mein Kampf peuvent aller se rhabiller.

Il faut dire que pendant la Révolution Culturelle en Chine,

l'étude du livre était obligatoire dans les établissements scolaires,

de la primaire à l'enseignement supérieur, et sur le lieu de travail.

Véronique, le leader du groupe, se propose d'assassiner

une personnalité politique pour permettre l'avénement de la révolution :

"La révolution n'est pas un dîner de gala ;

elle ne se fait pas comme une oeuvre littéraire,

un dessin ou une broderie ; elle ne peut s'accomplir

avec autant d'élégance, de tranquillité et de délicatesse,

ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie,

de retenue et de générosité d'âme.

La révolution, c'est un soulèvement, un acte de violence

par lequel une classe en renverse une autre."

Le Président Mao a parlé.

Lire des livres (c'est interdit)

Les nazis n'étaient pas les premiers à brûler des livres,

ils ne devaient pas non plus êtres les derniers.

Et même leurs propres ouvrages ne devaient pas échapper aux flammes.

Dans le futur, ce sont les pompiers qui se chargent des autodafés.

Ici, c'est au tour du best-seller d'Adolf Hitler de passer sur le grill.

Ce cauchemar de bibliophile est né de l'imagination de Ray Bradbury en 1953.

L'auteur cherchait à se renseigner sur le point d'auto-inflammation du papier :

Les diverses universités et les professeurs de chimie contactés
furent incapables de le renseigner.

En téléphonant au poste de pompiers le plus proche,

il apprit que le papier s'enflammait à 233 degrés Celsius,

ou 451 degrés Fahrenheit.

Lire en Allemagne (c'était pas toujours marrant)

En Allemagne, dans les années 40, on aimait beaucoup brûler les livres.

Du coup, ce n'étaient pas forcément les meilleurs qui restaient.

Dans un camp de prisonniers Alliés, on avait bien peu de choix quant à ses lectures.

Mein Kampf, d'Adolf Hitler, ne s'était guère vendu dans les années 20.

Pour booster les ventes, à partir de 1936, l'ouvrage devint

le cadeau de mariage officiel de l'Etat aux couples allemands.

En 1945, 10 millions d'exemplaires avaient été écoulés.

En 2008, on estime les ventes totales de Mein Kampf à 80 millions d'exemplaires.

Un beau succès de librairie, ma foi.
(A l'arrière-plan, on remarquera des serviettes pendues à sécher :
comme quoi, selon le dicton, on ne mélange pas...)

Lire de la philosophie (c'est fatigant)

Pas facile de devenir un surhomme.

La lecture de l'oeuvre de Nietzsche

en a découragé plus d'un...

Otto semble accuser le coup,

il a besoin de récupérer un peu.

En l'occurrence "Par delà le bien et le mal,

Prélude à une philosophie de l'avenir",

se compose de neuf parties elles-mêmes

constituées de 296 aphorismes,

et d'un postlude en forme de poème.

Pas étonnant que le pauvre lecteur soit lessivé.

Lire à table

En cherchant bien, on finit par trouver des adultes qui apprécient la lecture.

Wendy Torrance est plongée dans "L'attrape-coeurs"

("The Catcher in the rye") de Jerome David Salinger. 

Elle goûte ainsi un peu de sérénité avant de connaître le fin fond de l'horreur.

Sur le tournage, Stanley Kubrick avait en effet interdit à tous les membres de l'équipe

du film de témoigner le moindre signe de sympathie à la pauvre Shelley Duvall

afin qu'elle soit dans les dispositions requises par le scénario.

Notons qu'à l'époque, on ne se formalisait pas qu'une mère de famille

fume en présence de son jeune enfant...

Lire en bikini

L'adolescence ou la fin de l'innocence ?

A cet âge, on semble déjà moins passionné par la littérature.

Lolita est sans doute plus intéressée

par le nouveau venu que par son livre.

Et Humbert Humbert le lui rend bien,

qui n'a rien contre les nymphettes de son espèce.

A voir les formes de Sue Lyon, de face ou de dos,

on comprend Vladimir Nabokov,

qui trouvait le film très bon, mais estimait avoir perdu son temps

en travaillant à l'adaptation de son roman à l'écran

(dans le livre, la jeune fille a douze ans et demi)...

Lire au téléphone

Décidément, les jeunes lecteurs sont peut-être les plus fervents.

La jeune Ann Newton n'est pas du genre à se laisser distraire

par un simple coup de téléphone.

Il faut dire qu'Ivanhoe de Walter Scott est une oeuvre captivante

que le jeune Alfred Hitchcock avait apprise par coeur,

dit-on, quand il était enfant.

Lire la tête dans le guidon

Enfin en voilà un qui est entièrement à ce qu'il fait,

profondément plongé dans sa lecture.

Il faut dire que Tintin au Tibet, paru en 1960,

a captivé des générations de lecteurs.

Celui-ci est si absorbé qu'il ne reconnaît plus personne,

et qu'on ne le reconnaît pas non plus.

Il y a fort à parier que rien ne pourra le distraire de sa lecture.

Et ce n'est pas izoard qui dira le contraire.

Lire avant de mourir

Alain Leroy a décidé d'en finir une bonne fois.

Tout est prêt, le revolver est sur la table de chevet.

Mais Alain n'est pas homme à laisser une tâche inachevée.

Avant de se tirer une balle dans la poitrine,

il prend quelques instants pour achever la lecture

du livre qu'il avait commencé.

Espérons pour lui que ce n'était pas du Drieu La Rochelle,

ça l'aurait achevé.

Lire des salades

Et oui, ça devait arriver : à force d'en lire, Antoine Doinel a commis un roman.

Une oeuvre intitulée "Les salades de l'amour",

manifestement parue chez Flammarion.

Intéressée par le jeune homme, Colette lit attentivement sa prose.

Attentivement ? Elle a plutôt l'air de rêvasser, on dirait.

Lire des conneries

A première vue, on pourrait croire que Colette,

l'amour de jeunesse d'Antoine Doinel,

lit le dernier roman à l'eau de rose à la mode.

En réalité, Ronald David Laing est le chef de file
de l'antipsychiatrie, un mouvement qui a connu
son heure de gloire dans les années soixante et soixante-dix.

Colette a en main le dernier ouvrage de l'auteur, paru en 1978.
Nous nous abstiendrons de tout jugement de valeur
sur les lectures de la jeune femme.

Lire c'est épatant

Décidément, Pierrot lit beaucoup, et toutes sortes d'ouvrages.

Après Elie Faure, il se lance dans les oeuvres complètes de Louis Forton.

Comme ça, au débotté, sur le trottoir d'une station service.

C'est à se demander si lire autant ne nuit pas à la santé mentale.

Lire au cinéma

Lire au cinéma ? Pourquoi pas,

si la projection n'a pas commencé,

ou si le film est ennuyeux.

Où l'on découvre enfin, en regardant bien,
 le titre du livre que Pierrot lisait dans son bain.

Il s'agit du deuxième tome

de l'"Histoire de l'Art" d'Elie Faure,

consacré à l'Art moderne.

Livre paru dans la collection

du Livre de Poche en 1964.

Saine lecture.

Lire les classiques

Quelque dix ans plus tôt, Antoine Doinel s'était déjà
découvert une passion pour Balzac,

auquel il avait dressé un autel, au risque de l'incendie.

Hélas, le texte l'aura si profondément marqué

qu'il le conduira à un plagiat involontaire dans sa rédaction.

Le verdict du professeur sera sans appel :

"La Recherche de l'absolu vous a conduit droit au zéro, mon ami."

Lire à deux

Danseurs russes ou femmes japonaises ?

Une soirée ordinaire chez les Doinel.

Difficile ne pas jeter un oeil au livre de la voisine.

Mais Claude Jade devrait surveiller les lectures de son jeune époux...

Lire dans son bain

Mais où faut-il donc se cacher pour pouvoir lire tranquille ?

Même dans son bain, avec une cigarette et un bon bouquin,

on est toujours dérangé.

Mais Pierrot n'est pas fou, gageons qu'il ne se laissera pas distraire.

Lire aux aguets

Blanche Hudson, éprouvée par la vie, aimerait bien se détendre un peu

en se plongeant dans la lecture d'un bon livre...

Mais c'est sans compter avec sa folle de soeur qui passe son temps à la persécuter.

Mieux vaut se tenir sur ses gardes, Baby Jane n'est pas loin...

Lire à la fenêtre

Encore une qui n'a pas l'air très concentré.

Natacha von Braun pense à autre chose.

Elle regarde la ville ?

Eluard pourtant, c'est pas rien...

Lire en pensant à autre chose

Parfois, les soucis nous empêchent de nous concentrer
sur notre lecture. Sean Connery ne semble pas captivé par son ouvrage
sur les animaux du rivage. Il est bien trop occupé
à essayer d'empêcher Tippi "Marnie" Hedren de faire une bêtise.

Pas facile dans ces conditions de s'adonner aux plaisirs de la lecture.

Mais le livre peut-être un bon moyen de se cacher derrière la couverture.

Lire pour devenir agent secret

 Mireille l'a bien compris, qui a retenu la leçon du grand Buster.

Il faut lire sans cesse, en extérieur comme à l'intérieur,
au jardin comme dans son bain,

pour devenir un bon agent secret.

Lire pour apprendre un métier

Pourquoi lire au cinéma ?

Pour se cultiver ? Pour se distraire ?

Pour s'évader ? Pour oublier ses soucis ?

Non, pour apprendre un métier, pour gagner sa vie.